Contexte
L’urbanisation du continent africain croît rapidement. Selon les données de l’ONU, en 1950, seuls 14% des Africains étaient citadins, contre 40% aujourd’hui. Selon ses projections de 2016, la tendance ne devrait pas s’inverser, mais se stabiliser aux alentours de 56% en 2050. Du fait de l’ampleur de ce phénomène, il est capital qu’il soit moins consommateur de ressources et vulnérable aux problèmes sanitaires comme c’est le cas asiatique, notamment de la Chine et du Bangladesh/Sri Lanka où l’urbanisation s’est accompagnée d’une dégradation environnementale et sanitaire à la mesure de sa croissance. L’enjeu est double, puisque l’Afrique émerge plus tardivement, dans un monde où les ressources se raréfient et où les contraintes climatiques s’exacerbent continuellement. Il est donc capital pour l’Afrique, mais aussi pour le reste du monde, que ce développement soit plus durable que par le passé. Bénéficiant du ‘’dividende démographique’’, le développement des pays africains pourrait s’accélérer sans avoir recours aux étapes par lesquelles sont passés les pays aujourd’hui développés, c’est-à-dire sans utiliser les technologies plus polluantes et moins efficaces des décennies précédentes. Selon cette théorie, dite du leapfrogging, les pays africains n’ont pas besoin de suivre la trajectoire qu’ont suivi les Etats développés pour atteindre leur stade de développement actuel, et peuvent ainsi se développer en ayant recours à sa population jeune et active (dividende démographique), à des technologies avancées et à une meilleure gestion des ressources, sans nuire gravement à la planète. Hélas au Cameroun, le rythme rapide de la croissance urbaine contraste fortement avec la lenteur de la transformation structurelle qui l’accompagne. Le retard et la faiblesse de l’investissement dans les infrastructures sont accentués par le rythme rapide de la croissance des villes dont le mode d‘expansion horizontale (étalement urbain) est caractérisé par sa fragmentation qui amoindrit les bienfaits qu’on pouvait tirer de l’interface qu’offre le regroupement urbain. Des poches de pauvreté et la précarité de l’emploi limitent l’investissement public et privé, ce qui intensifie encore les effets de saturation dans les zones urbaines qui représentent un tiers des besoins de financement des infrastructures. Le Cameroun doit donc préparer sa transition urbaine et sanitaire en promouvant un projet durable pour accélérer sa transformation structurelle. Il (Cameroun) peut promouvoir une urbanisation durable pour accueillir les citadins de demain. Pour mener à bien ce projet, acteurs public et privés devront s’allier pour investir deux fois plus d’ici 2050 qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent.
protéger et sauvegarder la santé des doualais : L’augmentation de la concentration de population à Douala posant des défis majeurs, tant il est vrai qu’elle créé aussi des opportunités de développement multidimensionnel (économique, social, culturel, et environnemental), le développement de la ville de Douala passe par un accompagnement des connaissances en assurant une meilleure compréhension des enjeux et défis de santé des populations. Dans cet esprit, l’initiative d’un observatoire sur la santé dans la ville est louable et opportune pour accompagner les politiques de développement urbain et de planification sanitaire. Aussi et au regard de son objectif qui est de protéger et de sauvegarder la santé et le bien-être des populations, le Laboratoire d’étude des Interactions Santé Espace Territoire (LISET) de l’IFORD-Université de Yaoundé II et AfricaScience ont décidé la création de l’observatoire sur la santé urbaine à Douala (Observatoire Nguendo-Yongsi) à des fins de veille sanitaire.
Laboratoire d’Étude des Interactions Santé Espace Territoire (LISET)
IFORD-Université Yaoundé II
Campus de Ngoa Ekelle
BP 1556 Yaoundé – Cameroun
Directeur:
Pr Nguendo-Yongsi
Email: [email protected]
Objectifs
L’Observatoire Nguendo-Yongsi est un réseau interdisciplinaire et transdisciplinaire de recherche sur la santé dans l’espace urbain doualais. Il cherche à créer un réseau où des chercheurs venant de plusieurs disciplines relevant de l’espace urbain puissent communiquer et interagir aussi bien l’un avec l’autre, qu’avec d’autres acteurs sur le terrain comme les Décideurs politiques et la Société Civile. L’observatoire cherche à focaliser sur la ville de Douala mais en faisant valoir des standards internationaux. L’Observatoire est fondé sur l’idée qu’une recherche approfondie de l’espace urbain et des bonnes pratiques en matière d’urbanisme et de santé sont indivisibles, et donc que leur rapprochement est nécessaire pour trouver des réponses adéquates aux problèmes que rencontre la ville de Douala du fait de son urbanisation rapide, brutale, dense, et inégale. L’Observatoire Nguendo-Yongsi vise à réunir différents acteurs pour réfléchir aux Déterminants Sociaux de la Santé dans la ville, en tenant compte des objectifs 3 et 11 des ODD. Réunissant des résultats des recherches en différents domaines, l’expérience des acteurs sur le terrain, y compris celle des ONGs, pourrait servir de plateforme interinstitutionnelle à la fois pour approfondir la recherche et pour donner davantage d’assise scientifique aux stratégies urbaines des décideurs politiques. Autrement dit, l’Observatoire Nguendo-Yongsi est une structure d’aide à la décision qui permet de comprendre et suivre l’évolution des problèmes et risques de santé dans la ville, à travers la collecte, l’analyse et l’interprétation des données et informations.
L’Observatoire Nguendo-Yongsi fait appel à l’intégration de plusieurs disciplines pour réaliser :
- l’étude des mécanismes d’action des déterminants sociaux de la santé;
- l’identification des indicateurs épidémiologiques congruents et la veille épidémiologique;
- la caractérisation des environnements;
- la recherche d’indicateurs de développement social pertinents en regard de la santé des populations;
- l’analyse des politiques pouvant moduler l’effet des déterminants sociaux sur la santé;
- le renouvellement des pratiques en santé publique pour réduire les inégalités sociales de santé.
Mission
L’Observatoire Nguendo-Yongsi se donne pour mission de promouvoir la recherche appliquée dans les domaines démographiques, géographiques, socio-anthropologiques, épidémiologiques, biomédicaux, et environnementaux du développement urbain. Il inscrit sa réflexion dans le paradigme du développement durable, ce d’autant que la construction de la ville répond à l’objectif majeur de procurer à ses habitants un cadre de vie viable, vivable et équitable. De ce fait, l’Observatoire Nguendo-Yongsi est un élément central de veille sanitaire urbaine, dont la mission essentielle est de contribuer à la réduction des inégalités de santé dans la population doualaise en favorisant le développement des connaissances et l’arrimage de la recherche aux prises de décision.
Pour ce faire, l’Observatoire Nguendo-Yongsi va :
- favoriser le partage d’information entre les chercheurs de différentes disciplines
- instrumenter les intervenants en urbanisme et santé publique pour que leurs approches soient efficaces et qu’ils sachent en reconnaître l’intégration des deux disciplines
- informer le public sur ces enjeux
- aider à structurer des interpellations des pouvoirs publics et des actions de lobbying
Ainsi, l’Observatoire Nguendo-Yongsi va travailler à: rassembler et synthétiser l’information disponible ; piloter et évaluer des enquêtes, effectuer lui-même des travaux d’étude et de recherche ; être en relation avec toutes les instances qui produisent ou recueillent des informations et des connaissances sur la vie des populations de Douala.
Moyens privilégiés
La recherche
- Élaboration de projets de recherche conjoints dans une optique de santé publique
- Promotion de la recherche dans ce domaine auprès des organismes subventionnaires et des fondations privées
L’enseignement
- Élaboration de programmes d’enseignement qui décrivent les liens entre les déterminants sociaux de la santé,
- les inégalités sociales et la santé des populations
La mise en réseau des connaissances
- Création et mise à jour de banques de données, de cartes et de statistiques sur la santé
- Organisation de séminaires réunissant les chercheurs, les intervenants et les décideurs